Montmartre aux Artistes

Historique et architecture

L'idée de créer "Montmartre aux Artistes" revient à Louis Lejeune (1884-1969), Grand Prix de Rome de Sculpture en 1911. Il choisit Adolphe Thiers (1878-1938) pour architecte (Moulin Rouge, villa-atelier pour un sculpteur 22, rue Simon Dereure, hôtels particuliers au 24 et au 26 avenue Junot et, au 36, immeuble d'ateliers, prototype de la cité de la rue Ordener (même disposition des verrières).

Grâce à l'appui du conseiller municipal René Berthier la ville de Paris fait don du terrain en 1924, puis accorde sa garantie financière en 1929 et 1931.

Adolphe Thiers prend soin de la composition des espaces. Soin que l'on retrouve sur la façade principale : perron d'entré encadré de deux atriums, disposition en biais. Il faut dire que ce bâtiment A, le plus réussi, est celui qui fut construit selon les plans initiaux et qui bénéficie d'espaces largement dimensionnés. Mais la crise de 1929 imposera une révision du programme à la baisse et les futurs bâtiments B et C seront plus sobres.

La construction est en béton armé et remplissage de briques, les sols sont des "parquets sans joints", produit à base de sciure de bois et d'huile de Iin, coulé sur la chape de béton : c'est hygiénique et bon marché.

Aucune cloison n'est prévue, de façon à permettre à chaque locataire de s'organiser selon ses besoins, toute la construction a été étudiée en vue d'un prix de location très modeste.

Les 3 bâtiments comportent des ateliers-habitations et des ateliers-lieu de travail. Il y avait même des ateliers-réserves et un espace commun qui furent vite transformés en atelier-lieu de travail.

La réalisation s'éternise et les travaux sont loin d'être achevés lorsque les premiers occupants emménagent en 1933.

Jusqu'en 1936, de graves problèmes apparaissent dans la gestion de la Cité : les artistes-locataires éditent eux-mêmes un petit journal au titre significatif : "Le Défenseur de Montmartre aux Artistes". Finalement la Ville de Paris rachète les trois immeubles en 1936. L'Office Public de la ville reprend la gestion des constructions inachevées, des cours boueuses, des ateliers sans confort, au chauffage déficient

La façade principale sur la rue Ordener témoigne de l'esprit du temps des années 1925.

Des éléments du décor, conçus et exécutés avec soin, ajoutent au charme de la façade principale. Leur choix porte la marque de la récente exposition des Arts décos : le penchant moderne pour le revêtement de qualité (la mosaïque du hall), les vitraux "non figuratifs" (le tympan des arcades) et surtout la ferronnerie d'art. Les grilles de l'entrée de Montmartre aux Artistes évoquent une période artistique révolue et méritent donc une attention particulière.

La cité Montmartre aux Artistes, avec ses 180 ateliers est une concentration exceptionnelle d'ateliers d'artistes. Adolphe Thiers a réalisé une architecture de qualité, qui demeure un îlot singulier parmi les immeubles de la rue Ordener mais aussi de Paris.